Tiges de Harrington, quatre mois plus tard...

Pour comprendre le contexte de cette étude de cas, lisez mon article Tiges de Harrington et Méthode Feldenkrais.


Quatre mois plus tard, j'ai revu Inês pour deux leçons d'IF supplémentaires. Sa première demande concernait le geste de son pouce sur la pipette qu'elle exécute toute la journée à son travail au laboratoire et qui lui provoque des douleurs au pouce, à l'avant-bras et à l'épaule gauche. Elle m'a aussi fait part de sa frustration extrême de ne pas pouvoir se plier à cause des tiges, alors qu'elle sent que se mettre en boule pourrait soulager ses douleurs dorsales.


IF n°3 : Tu n'es pas que ta scoliose !

Inês était étonnée d'avoir mal à gauche alors que sa scoliose est à droite. Je lui ai expliqué qu'elle n'est pas uniquement sa scoliose mais elle est aussi beaucoup d'autres choses : droitière, son activité, ses loisirs, etc.
Clarifier la relation de chaque doigt à la cage thoracique en les tirant légèrement (AY125), puis inviter les mouvements de la main dominante (AY124) a mis en lumière l'attache du bras au sternum des deux côtés, et le lien d'un bras à l'autre. Elle a monté ses bras au-dessus de sa tête avec une grande légèreté à la fin de la leçon. C'était une IF assez courte car elle était installée sur le dos, qui n'est pas une position habituelle pour elle.
Le lendemain elle n'a pas eu de tension et son pouce est resté libre ; elle a cherché le chemin de la force plus haut dans son bras.


IF n°4 : Le rôle de l'imagination

En installant Inês sur plusieurs couvertures épaisses avec des rouleaux mous derrière les genoux et les chevilles, elle a constaté qu'elle pouvait être vraiment confortable aussi sur le dos. J'ai construit avec elle une leçon classique de flexion en faisant confiance à son squelette : à part sa colonne, tout le reste devait potentiellement pouvoir se mettre en mouvement. C'est effectivement ce que nous avons constaté, d'une part avec les mouvements de sa respiration, d'autre part en connectant ses omoplates à ses côtes dans le mouvement de flexion, et enfin à partir de la flexion des hanches par les genoux.
J'ai introduit à Inês le concept de l'imagination, de la simulation du mouvement. Elle a compris que l'on peut réduire un mouvement en se rapprochant toujours plus du point neutre tout en sentant sa direction, son timing et son organisation. Nous avons fait quelques exercices pour intégrer cette idée avec des mouvements infimes d'une omoplate ou d'un genou. Avant la fin de la leçon, je me suis assurée que C7 était libre, et j'ai pu faire flotter sa tête en invitant son sternum à plonger vers le sol. Elle a aussi découvert les efforts superflus et les mouvements parasites qu'elle faisait inconsciemment, comme serrer ses lèvres ou ses dents, et leur influence sur la liberté de sa nuque.
Une fois debout, l'imagination a permis à Inês de simuler une flexion proportionnellement distribuée. Elle en a ressenti les bienfaits sur les muscles de son dos enfin lâchés et elle m'a dit que c'était très reposant.