Pour Feldenkrais, toute action de la vie est composée de quatre éléments :
pensée (thinking) – émotion (feeling) – ressenti (sensing) – mouvement (moving)Suivant l'action effectuée, un élément ou l'autre peut prendre plus de place, mais les quatre sont toujours présents et intimement liés.
Exemple d'action : jouer du violon
Jouer du violon me provoque de l'émotion. Mes mains et bras sont engagés dans des mouvements. Certains de mes sens sont en éveil : j'écoute, je sens les cordes et l'archet sous mes doigts, je regarde la partition. Je pense à la ligne musicale que je suis en train d'exécuter.
Les musiciens reconnaissent en quelques secondes leurs « bons jours » de leurs « mauvais jours ». On identifie les mauvais jours par une justesse approximative, un son quelconque, une concentration difficile... On dit que lors d'un mauvais jour, il vaut mieux le poser et faire autre chose plutôt que de se battre avec son instrument. Et s'il y avait d'autres options ?
Durant mes années d'apprentissage, mes premiers professeurs insistaient beaucoup sur l'aspect émotionnel de mon jeu : le plaisir pour soi-même et pour le public. Puis j'ai perfectionné ma technique : le geste m'a semblé être l'élément le plus fondamental. Plus tard, j'ai lu le livre de Xavier Gagnepain1 qui met en lumière le chant intérieur, donc la pensée musicale. Mais j'ai vite compris que la pensée, le chant intérieur, n'est rien sans le ressenti dans mes doigts et mes oreilles ! Alors quel aspect est plus crucial pour les musiciens ?
A force de pratiquer le Feldenkrais, on prend conscience de ces quatre éléments ; on peut les cerner et jouer avec, accentuer l'un, ou l'autre, ou plusieurs à la fois. Le « mauvais jour », ce n'est finalement qu'un mauvais équilibre des quatre éléments par rapport à l'action de jouer. Alors apprenez à le transformer en « bon jour » par le simple déplacement de votre attention !
1 Du musicien en général... au violoncelliste en particulier
Myriam Audin, 11 avril 2021