L'image de soi pour libérer son potentiel

Problématique
En classe aujourd'hui, la douleur à la hanche gauche d'une collègue lors d'une leçon de PCM avancée a fait l'objet d'une discussion sur la problématique : comment peut-elle agir elle-même pour libérer son côté restreint pendant la PCM ?

Réponse
Comme toujours en PCM on peut prendre le temps d'observer le plus de détails possibles du côté facile pour se créer une image « idéale » du mouvement, puis imaginer ou simuler le tout début du mouvement du côté restreint en ajoutant peu à peu les détails observés du premier côté. On reproduit ainsi l'image idéale et le mouvement devient facile du côté où il était parfois impossible.

Exemple
Je prends ici l'exemple d'une PCM où, allongé sur le dos, on tient le pied dans la main et allonge la jambe vers le plafond. Où est le poids dans la position de départ quand j'y respire librement, que mon visage est ouvert, ma mâchoire lâchée, ma main douce ? Quelle forme mes cinq lignes ont-elles dans l'espace ? Où sont mes quatre coins les uns par rapport aux autres ? Et lors du mouvement, quand j'allonge peu à peu ma jambe vers le plafond, comment se déplace mon poids ? A quels endroits la gravité me donne-t-elle confiance ? Quelles parties me semblent s'alléger ? Comment se comporte mon épaule droite par rapport à ma hanche droite ? Mes côtes se plient-elles toutes au même rythme et dans quelles directions ? Que fait ma nuque ? Que fait mon autre jambe ? Mon bassin ? Tous ces questionnements permettent de se créer une image du mouvement dans sa forme la plus saine, libre, idéale.

Challenge
La réponse de Paul Newton à ma proposition me laisse interloquée : on pourrait aussi faire l'inverse et créer la restriction du côté libre. Je ne suis pas convaincue par cette idée donc il fait une démonstration avec un autre étudiant qui paraît convaincre tout le groupe. Pour moi, créer l'empêchement, ce n'est pas une façon très « Feldenkrais » de traiter cette question. Bien sûr, en Feldenkrais on utilise le procédé d'exagérer les tendances jusqu'à ce que le système nerveux lâche et revienne à son neutre, mais ici l'idée plus complexe évoquée par Paul est de créer la restriction de l'autre côté, celui qui sait faire, donc aller contre la tendance, et créer une gêne où il n'y en a pas dans le but de la comprendre.

Lumière
Je lâche et décide de ne pas me confronter. Une pause de quelques minutes à l'air frais me rend les idées claires : pour pouvoir créer la restriction du côté libre, il faut avoir une image bien claire de ce dernier ! Je note que les côtes ne savent pas se rapprocher du côté difficile car j'ai pu observer qu'elles se rapprochent du côté facile. Reproduire cette restriction demande d'avoir noté que dans le mouvement « idéal » les côtes se ferment, donc la construction préalable de cette image grâce à l'observation puis à l'intégration du côté facile.

Conclusion
Profitons pleinement des leçons de PCM en construisant et en développant son image de soi à partir des sensations confortables ressenties et assimilées dans les mouvements faciles et libres ! Ainsi une liberté totale s'offre à nous : liberté de créer tous les mouvements souhaités, faciles ou difficiles, libres ou restreints, beaux ou laids, pour mieux se connaître, mieux vivre soi-même et donc avec les autres.

Myriam Audin, 18 Mai 2022